Accueil Culture Première de «Danse céleste» de Tahar Issa Ben Arbi: Une immersion dans le monde du soufisme

Première de «Danse céleste» de Tahar Issa Ben Arbi: Une immersion dans le monde du soufisme

Une nouvelle création du Théâtre national tunisien a été présentée samedi soir au 4e art. Il s’agit d’une étroite collaboration entre le TNT, le CAD du Kef et celui de Zaghouan.


«Danse céleste» ou «Rakset Sama» de Taher Issa Ben Arbi, qui signe également le texte et la scénographie, propose un spectacle qui rompt avec l’habituel et qui se laisse guider par l’imaginaire comme moteur principal de tout acte créatif. C’est dans ce sens que vont les intentions de l’auteur de ce spectacle qui trouve dans une dynamique particulière entre le théâtre et le cinéma une résonance à ses propos et un outil d’écriture pour porter sa création.

Dans ce mélange des outils du 7e art et des techniques du 4e art, les scènes du spectacle s’entrechoquent avec beaucoup de douceur et d’humour dans une alternance entre deux mondes séparés dans le temps et dans l’espace. Cette rencontre improbable devient possible dans «Danse céleste» !

La littérature était le lien entre le monde de Héla, bien ancrée dans son siècle, et celui de Shams al-Din Tabrizi et des derviches au XIIIe siècle. Ce n’est qu’une coïncidence ou le besoin d’échapper à une réalité familiale instable qui a poussé Héla —qui travaille comme critique littéraire dans une maison d’édition— à se laisser porter par  la lecture d’un livre d’un auteur inconnu nommé Aziz qui parle de Tabrizi et «Les Quarante règles de l’amour»… C’est bien là que se fait la transition entre les deux époques et les temps, dans une aventure intellectuelle et esthétique qui ne doit pas perdre de vue l’intersection et la similitude entre les caractéristiques du XIIIe siècle et détails du XXIe siècle.

Entre ces deux mondes, la scène se transforme souvent en atelier d’écriture ou en studio de tournage, avec des signes et des éclairs fugitifs qui expriment la réalité de l’artiste et les préoccupations de l’art, entre ce qui existe et ce qui est désiré.

La mise en scène de «Danse céleste» se transforme et change pour se parer de plus d’une couleur, d’atmosphère et de forme grâce à l’utilisation d’une scénographie multi-référencée et multi-culturelle dans une ouverture sur les théâtres du monde. Si l’inclusion de la littérature, des images poétiques et des atmosphères poétiques est fortement présente, le travail sur la symbolique des rituels et de la musique soufis est présent, révélant un effort et une recherche sur le langage, dans une oscillation entre le visuel, le plastique et l’émotionnel.

Pendant près de deux heures, «Danse céleste» a réussi à attirer l’attention du public et à lui arracher un sourire à travers des situations sarcastiques et critiques mais aussi a pu opérer une intrusion dans ses sentiments et ses sens… forte par une brochette d’acteurs performants avec une étonnante  Mouna Noureddine, Hajar Hammouda, Khaled Zaidi, Lazhar Farhani, Abdel Karim Banneni, Shaima Zazaa, Hamza Ouertani, Mounir Khazri, Imen Mannai et Emna Mahbouli.

«Danse céleste» fait voyager le public dans un monde dans lequel le spirituel s’entremêle au matériel, le poétique au numérique, le mythique au terrestre et le théâtral au cinématographique…

C’est une pièce qui tourne sur elle-même tel un derviche dans une danse transcendantale libre et légère soulignant que toute idée qui meurt est nécessairement la naissance d’une nouvelle idée… d’une nouvelle pièce !

Charger plus d'articles
Charger plus par Asma DRISSI
Charger plus dans Culture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *